Donner sa chance au prêt d’objets entre particuliers
Extrait publicité kipeet.
Qui n’a jamais pensé « Il s’appelle revient! » au moment de prêter son outil préféré ?
Dans une ère marquée par la surconsommation et l’inflation, repenser nos habitudes devient crucial pour préserver planète et bien-être.
La création de solutions innovantes, telles que des applications de gestion des prêts d’objets, fait face à des enjeux sociétaux et se heurte à des freins bien ancrés.
Alors comment faciliter et encourager cette pratique ?
Comprendre le défi du prêt d’objets dans une société complexe et matérialisante.
Comme nous l’avons développé dans un précédent article, les objets vont au-delà de leur simple valeur fonctionnelle, englobant des dimensions culturelles, symboliques et affectives. Dans un monde ou la possession d‘objets est souvent un symbole de statut et de culture, l’idée d’emprunter va à l’encontre des normes établies.
Complétant cette perspective, nous avons réalisé une enquête sur le terrain en 2022, révélant qu’en moyenne 86,2 % des personnes interrogées qui prêtent ou empruntent, le font exclusivement avec leurs amis ou famille.
Enfin, seuls 35,8 % élargissent cette pratique avec leurs voisins ou collègues.
Il apparaît clairement que ces personnes préfèrent prêter ou emprunter des objets
à des personnes qu’ils connaissent bien.
Cependant, il est aussi apparu que la majorité d’entre eux n’empruntent ou ne prêtent des objets qu’à de rares occasions (58,7 % pour l’emprunt et 45,2 % pour le prêt).
Ce qui démontre une certaine réticence à partager des objets même avec ses proches.
Jean Baudrillard et Georges Pérec soulignent que dans une société de consommation, où l’accent est mis sur la possession et l’attachement émotionnel aux objets, l’acte d’emprunter peut paraître contre-intuitif (1).
Indubitablement, le prêt d’objets pose de nouveaux défis, « cela entoure d’incertitude la manière dont l’emprunteur traitera l‘objet emprunté, rendant nécessaire de rassurer le propriétaire et d’encadrer l’usage de l‘objet »(2).
Reflétant cette idée, les résultats de l’enquête appuient le fait que prêter implique plusieurs coûts.
Ces coûts sont, de prime abord, de l’ordre de :
- La charge mentale
- Du don voir de la perte de temps
- Du niveau de ressources financières
De plus, comme l’explique la psychologue clinicienne Marie Haddou, réclamer un objet prêté non restitué suppose d’aller contre un biais éducatif:
« On peut avoir le sentiment de trahir les exigences morales que l’on nous a transmises» (3).
Autrement dit, des valeurs de générosité, de partage et de détachement des biens matériels.
Et l'emprunt alors ?
Fait un peu plus surprenant, les freins à l’emprunt sont non négligeables et multiples.
Pour commencer, dans les 22,6% qui n’empruntent pas, 85,7 % préfèrent simplement acheter ce dont elles ont besoin.
Ensuite 17,14 % de l’ensemble des emprunteurs se déclarent mal à l’aise et hésitants à demander à leur entourage de leur prêter des objets.
Une plus petite part, mais non des moindres, soit 11,42 %, s’inquiète d’oublier de rendre les objets ou simplement d’oublier à qui ils les ont empruntés.
Les raisons de ne pas emprunter sont variées mais indubitablement impactées par des préoccupations psychologiques comme la gêne ou la crainte de l’oubli.
Des freins ouvrant un boulevard à la préférence pour l’achat.
En somme, il est moins périlleux d’acheter un objet que d’entretenir une relation à l’autre induisant une possession.
Les difficultés liées au prêt et à l’emprunt d’objets ne sont pas seulement pratiques, elles sont également psychologiques et sociétales.
Ces barrières, ont prit racines dans des notions profondes touchant à la possession, à la confiance en l’autre mais également en soi, soulignent la nécessité de créer des solutions pratiques, joyeuses et rassurantes.
Pour faciliter le partage même entre proches, il est essentiel de repenser nos habitudes et d’équilibrer des motivations parfois opposées, favorisant ainsi un partage plus réfléchi.
Levons les freins avec une application de prêt d'objets pas comme les autres : Kipeet, biens à vous.
L’application Kipeet a été pensée par un groupe d’ingénieurs de recherche en écologie, d’ ingénieurs développeurs mais aussi des artistes.
Le défi consistant à développer un outil qui briserait les freins au prêts et à l’emprunt, en sécurisant et en valorisant le partage, sans toutefois nier la valeur des biens et les peurs naturelles exacerbées par notre société.
Développons un peu plus à quoi nous nous frottons :
La dynamique du prêt d’objets est une pratique ancrée dans un tissu relationnel complexe, au cœur de laquelle se retrouvent la confiance et la réciprocité.(4)
Tandis que la confiance traditionnelle a ses racines dans des interactions binaires, la confiance en ligne se complexifie et nécessite une approche plus nuancée, combinant à la fois des facteurs technologiques et sociaux. Nos objectifs premiers ont donc été d’instaurer un climat de confiance solide et de mettre en place un encadrement approprié au sein du premier cercle de connaissances.
Par ailleurs, la notion de réciprocité apparaît comme essentielle car la nature du prêt engendre non seulement l’obligation de restituer l‘objet emprunté, mais aussi l’attente sous-entendue de prêter en retour (Jenkins et al., 2014)(5). Cependant, une plateforme peut instaurer des mécanismes pour contrebalancer la difficulté à garantir la réciprocité des échanges en identifiant et en développant des alternatives compensatoires telles que la valorisation. Pour cela notre application, en plus de permettre une amélioration du pouvoir d’achat des utilisateurs, promeut une approche socio- environnementale valorisante car elle favorise l’allongement de la durée d’utilisation des objets et met l’accent sur leur utilité plutôt que leur possession. Par ailleurs, nous avons mis en place des bons points qui gratifient nos utilisateurs, afin d’encourager les échanges et l’utilisation de notre application.
L’objectif principal n’est pas de garantir que les individus empruntent et prêtent en quantités égales, mais plutôt d’assurer que cette asymétrie ne soit pas un frein pour les utilisateurs.
Une application ne doit donc pas se contenter d’inciter les gens à se prêter des objets, mais elle est aussi tenue de prêter une oreille attentive aux besoins de ses utilisateurs. En brisant les barrières traditionnelles du prêt et de l’emprunt, nous avons réinventé la roue – mais sans la posséder !
Grâce à une approche innovante, qui allie technologie, confiance et valorisation, nous avons transformé ce qui était autrefois considéré comme des freins en véritables leviers de changement. Alors, n’ayez crainte de ne pas renvoyer la balle, chez Kipeet, c’est l’utilité et le partage qui comptent, pas la possession. Après tout, dans un monde où tout s’emprunte et se partage, qu’aurions nous besoin de plus qu’une bonne dose d’amour et d’humour ?
Kipeet, biens à vous.
Quelques sources
- Le Montagner, J. (2018) – Quelle place pour le prêt d’objets en bibliothèque ? (Diplôme de conservateur de Bibliothèque) – Université de Lyon.
- 4. et 5. : Boudot-Antoine, F. – Roux, D. – Benavent, C. (2017) Plateforme de prêt d’objet et mécanismes instrumentaux : interprétation, manipulation et contournement – 16ième journées Normandes de recherches sur la consommation : Société et Consommation, le Havres.
- Gilmer, E. (Mis à jour le 21/09/2015) Je ne sais pas réclamer ce que j’ai prêté – Femme Actuelle